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Une semaine de quatre jours : rêve ou cauchemar ?


Autrice: Séléna Frebault (insta: @selenafrb)


Droits d'image: "Commute" by tallkev is licensed under CC BY 2.0. To view a copy of this license, visit https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/?ref=openverse.


La semaine de quatre jours c’est l’utopie pour l’un et la dystopie pour l’autre. L’idée de travailler seulement quatre jours par semaine, soit 32 heures au lieu de 35 ou 40 heures comme c’est la norme actuellement, effraie autant qu’elle attire. Pourtant, la semaine de quatre jours pourrait bel et bien améliorer notre santé mentale et lutter contre le dérèglement climatique. La logique est la suivante : travailler quatre jours seulement par semaine résulterait à une plus grande concentration au travail, ainsi qu’une plus grande productivité, car moins de fatigue serait accumulé par des horaires contraignants. Puisqu’on travaillerait moins, on serait plus enclin à travailler mieux.


De plus, le point positif du travail de quatre jours est qu’il nous laisserait plus de temps. En effet, quand j’entends que les futurs retraités en viennent à en avoir presque peur de prendre leur retraite car ils ne savent pas ce qu’ils vont bien pouvoir faire de tout ce temps, on ne peut que constater que nos cerveaux ont été imprimés de cette fameuse tirade : « travailler c’est vivre ». L’humain du 21ème siècle est totalement obnubilé et absorbé par son travail, au point que le temps libre, le temps pour penser nous terrifie. Notre créativité est à sec. Ce phénomène est d’ailleurs aggravé par les réseaux sociaux qui nous rendent d’autant plus passif. La preuve, on peut passer des heures sur Instagram à se gaver d’informations déformés, de moralisateurs de la pensée et de vidéos de plus en plus courtes de mises en scène assez maladroites. J’évite de mentionner les mêmes parce que je suis moi-même une adepte de l’humour bien sarcastique de ceux-ci qui visent à prendre toute situation et à la rendre drôle. J’y vois un certain optimisme là-dedans. Je ne pense donc pas que les réseaux sociaux sont les créateurs de tous les maux, des plateformes comme Youtube et Instagram peuvent aussi servir de support pour exprimer sa créativité. Le problème, c’est que si vous vous regardez vous-même et autour de vous, il est force de constater qu’on passe plus du temps à regarder les autres vivre et créer qu’à le faire nous-même. Vous allez me dire « Bah tu sais on rentre, on est crevés alors on regarde des trucs idiots pour compenser ». Justement, si on travaillait moins, peut-être qu’on aurait moins besoin d’éteindre nos cerveaux en rentrant chez nous. Peut-être que justement on aimerait s’essayer à d’autres choses, se mettre à réparer des vélos, à peindre, à danser, à être autre chose qu’une masse informe sur un canapé devant un écran constamment allumé qui finira par nous envoyer nous faire refaire des lunettes d’ici quelques années parce que la vue des jeunes ne cesse de baisser.


En outre, travailler moins nous permettrait aussi de gagner moins. Encore une fois je vous vois venir « Mais quelle horreur, on ne gagne déjà pas assez alors que les prix montent ». Vous avez raison mais ici le fait de gagner moins est considéré comme positif car il nous permettrait justement de moins dépenser. Moins dépenser c’est moins polluer. Par exemple, on irait plus s’acheter le nouvel IPhone juste parce qu’ils ont encore rajouté une énième caméra (on te voit l’iPhone 14), afin de combler le vide de nos vies. On irait plus non plus prendre l’avion sur un coup de tête pour faire un week-end à l’autre bout du monde. C’est vrai qu’on aurait plus de temps pour le faire, mais étant donné qu’on aurait moins d’argent, on ne pourrait pas se le payer. On serait donc obligé de prendre le train, de partir moins loin, d’aller découvrir des merveilles plus près de chez soi et de diminuer grandement son empreinte carbone personnelle. Bien sûr, pour que cela marche réellement, il faudrait diminuer les prix des trains et augmenter celui des avions parce que tant que faire Barcelone-Madrid en avion sera moins cher qu’en train, j’aurais beau supplier les gens qui m’entourent, ils continueront à prendre l’avion. Cet argument est donc lié à un changement gouvernemental nécessaire, je vous l’accorde, parce qu’au fond l’objectif final ne devrait pas être de moins gagner mais juste de mieux l’utiliser et pour cela, ce seraient les prix des légumes de saison provenant de France ainsi que les trains qui devraient baisser, plutôt que nos salaires. Le changement passe par un combat individuel et collectif.


Enfin, travailler uniquement quatre jours par semaine serait bénéfique pour nos santés mentales. On aurait non seulement plus de temps pour s’explorer intérieurement comme je l’expliquais précédemment, mais on aurait aussi beaucoup moins de stress et donc beaucoup plus de bonheur car l’anxiété nuit à notre bien-être, mais pour cela il faudrait commencer par changer notre perspective du travail. En effet, dans une interview pour Die Zeit, James Suzman explique que c’est la vision tout entière du travail qu’il faudrait révolutionner car le travail est devenu notre identité. Quand on nous demande ce qu’on fait dans la vie, on répond soit « Je suis étudiant » soit « Je travaille ». Rare sont les gens qui répondent : « J’aime peindre et à côté j’ai un travail dans une entreprise. » Non, le travail est le support de notre confiance en soi. Nous avons appris à exister pour et par notre travail. Tellement que le terme « oisiveté » est devenu un terme employé péjorativement qui désigne l’inaction en tant que paresse, futilité, alors qu’à l’époque de l’Antiquité romaine, ce terme était lié à l’inaction dans le sens paix, calme, moment où on ne travaille pas. L’évolution de ce mot montre bien l’évolution des mentalités face au travail. Nous sommes devenus le travail que nous faisons et avec la retraite qui continue d’être repoussé, ça ne risque pas de s’arranger. La semaine de quatre jours représente donc un espoir pour nous d’être plus paisible, plus heureux et plus soucieux de l’environnement alors n’ayons plus peur !

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